Le rédacteur en chef culture à l'ORF (la télévision publique autrichienne), répond aux questions des Chroniques de l'étudiant sur la possibilité d'un traitement à l'échelle européenne de la culture et de l'actualité à travers les médias.
Chroniques de l'étudiant : Vous êtes le rédacteur en chef du journal culturel A.Viso diffusé sur ORF2, la télévision publique autrichienne. Est-ce que vous pourriez nous dire deux mots à propos de votre émission ?
Arwid Holtenau : A.Viso est un magazine hebdomadaire de trente minutes, diffusé le dimanche matin. L'émission présente tout ce qui se passe culturellement en Autriche. Pas seulement les grands spectacles mais aussi les initiatives de jeunes artistes. On parle de tout : opéra, pop, théâtre, expositions, musées...
Chroniques de l'étudiant : Avez-vous constaté des différences dans la façon dont l'information est traitée dans les journaux télévisés autrichiens et français ?
Arwid Holtenau : La forme en gros est la même. En Autriche, on a trois journaux dans la soirée, à 19 heures 30, à 22 heures et à minuit, un peu comme en France. Ce qu'il y a de vraiment différent c'est qu'il y a toujours dans nos journaux télévisés un reportage culturel. La culture en Autriche est une matière première. Elle n'est pas traitée comme en Allemagne ou en France, où de temps en temps il y a des reportages culturels, seulement quand il s'agit de grandes stars.
Chroniques de l'étudiant : Y-a-t'il des différences fondamentales entre France et Autriche quand les médias parlent de l'actualité européenne ?
Arwid Holtenau : Je ne pense pas. Mais l'Autriche reste un petit peu repliée sur elle-même. On ne regarde pas très loin. Les échanges entre la France et l'Autriche sont plutôt faibles.
Chroniques de l'étudiant : A.Viso est un "guide culturel hebdomadaire" autrichien. Est-ce qu'on peut un peu passer outre les frontières pour donner une dimension européenne à la culture ?
Arwid Holtenau : Vu le fait que les grandes productions deviennent de plus en plus des co-productions entre les théâtres et les opéras dans différents pays, c'est clair que ça s'ouvre de ce côté là. Mais la culture restera toujours plus ou moins nationale. Ce qui intéresse les gens est de savoir quand une exposition passe près de chez eux ou quand est-ce qu'un artiste vient en Autriche ou en France. A ce niveau, c'est différent de la politique, qui elle prend une autre dimension [ndlr, une dimension européenne].
Chroniques de l'étudiant : Outre la culture, quels sont les éléments qui pourraient donner plus de place à l'Union européenne dans les programmesLes pays de l'UE
n'ont pas réussi
à faire comprendre
ce qu'est l'UEet les informations des chaînes nationales dans chacun des vingt-sept pays de l'Union ?
Arwid Holtenau : Jusqu'à présent, les pays membres de l'Union européenne n'ont pas encore réussi à faire comprendre ce qu'est l'Union européenne. C'est dû aux différents partis politiques qui font de ce sujet un ballon de jeu. La jeune génération n'en sait pas assez à ce propos. La génération un peu plus âgée est parfois dépassée par ce deuxième système politique de dimension européenne. Il reste beaucoup de travail à faire au niveau des médias nationaux.
Chroniques de l'étudiant : Grâce à l'Internet, on peut plus simplement passer d'une langue à une autre. Est-ce que les médias ne pourraient-ils pas trouver leur salut dans le Web ?
Arwid Holtenau : Il ne faut pas surestimer l'Internet. D'un côté, il est bien utilisé pour l'information.
Il y a dix ans, on disait déjà que l'Internet va endommager en quelque sorte la télévision elle-même. Ce qui n'est pas le cas. Le nombre de téléspectateurs n'a pas baissé. Sauf que, comme il y a de plus en plus de chaînes de télévision, le budget lié à la publicité a baissé partout. L'Internet peut simplement aider mais ne prendra pas la place de la télévision.
Chroniques de l'étudiant : Qu'est-ce que vous pensez d'Euronews, la chaîne d'information européenne ?
Arwid Holtenau : Euronews est une bonne initiative. Cette chaîne est diffusée en plusieurs langues. Mais c'est l'information de base. On essaie "d'uniformiser" un peu trop l'information.
Chroniques de l'étudiant : Est-ce que Euronews est beaucoup regardé en Autriche ?
Arwid Holtenau : Ca reste marginal puisque Euronews est diffusée sur le satellite. Les chaînes qui sont le plus regardées sont ORF1 et ORF2, avec les grandes chaînes allemandes comme ARD et ZDF.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire