jeudi 5 juillet 2007

eMule : gratuité, éthique, illégalité.



eMule est certainement le client P2P le plus populaire du moment : Héritier direct du logiciel eDonkey (qui fût enterré par la RIAA fin 2006)1, dans la suite de Napster (qui a d'ailleurs changé radicalement d'optique dans sa version 2.0 en devenant payant après des démélés de justice en 2001), de KaZaA (qui a subit lui aussi le courroux des cours de justice pendant de nombreuses années), entre autres BitTorrent, Morpheus, ou Mute, moins connu, eMule – qui reste gratuit et légal – est plébiscité par les français (particulièrement les jeunes) et son usage reste relativement facile. Ainsi, pour le même mois de décembre, le logiciel est passé de 1 540 000 visiteurs uniques en 2003 à 2 824 000 en 2004.2 Depuis sa création, mi-2002, le petit âne connaît un fulgurant succès, malgré l'action des majors pour freiner son utilisation. Cependant, les internautes font souvent des confusions sur le fait que eMule est bel et bien légal, mais que certains contenus mis à disposition par des particuliers (les peers) ne le sont pas forcément. Quel est le concept de ce petit logiciel?

Principes de bases
Un logiciel peer-to-peer
eMule est un petit logiciel qui permet le téléchargement (download) et le téléversement (upload) – en d'autres termes le partage – de fichiers de musique, vidéos, d'images, de documents textes, d'images CD, d'archives, d'exécutables, etc. Cette application est un logiciel libre3 dont l'utilisation est gratuite, sous licence GPL. Basé sur le système du peer-to-peer ("particulier à particulier", ou "poste à poste"), la mule, comme l'appellent certains utilisateurs, fonctionne sur le principe d'une architecture centralisée :
Dans cette architecture, un client [eMule] se connecte à un serveur qui gère les partages, la recherche, l'insertion d'informations, bien que celles-ci transitent directement d'un utilisateur à l'autre.

Certains considèrent que de telles architectures ne sont pas poste à poste, car un serveur central intervient dans le processus. D'autres leur répondent que les fichiers transférés ne passent pas par le serveur central.

C'est la solution la plus fragile puisque le serveur central est indispensable au réseau. Ainsi, s'il est supprimé, à la suite d'une action en justice par exemple, comme ce fut le cas avec Napster et Audiogalaxy, tout le réseau s'effondre.4
Il est ici question du réseau eDonkey (utilisé par eMule, en addition de son propre réseau "Kad" [Kademlia]), c'est-à-dire l'ensemble des serveurs qui gèrent les données transmises par les utilisateurs. D'autre part, l'activité du P2P est très gourmande en ressources :
Suivant les régions, le trafic PtoP représente entre 60 et 80% de la bande passante de Internet.5
La facilité d'utilisation d'eMule
Il est important de noter qu'eMule est un logiciel complexe de par son fonctionnement (il est d'ailleurs remis à jour irrégulièrement6), mais qu'il a été pensé de manière à faciliter le plus possible son usage par tous les utilisateurs, quel que soit leur niveau en informatique. Ainsi, un novice pourra télécharger sans trop de difficultés même s'il ne sait pas ouvrir/fermer les ports de son ordinateur et qu'il ne sait pas comment optimiser sa connexion Internet pour eMule. Au contraire, un "geek"7 aura la possibilité d'augmenter son taux de téléchargement en suivant les régles établies par le logiciel, s'il le souhaite. Cela a contribué à la vulgarisation de l'utilisation de ce genre de logiciel sur Internet.

La question du piratage

eMule n'est pas illégal !
L’impact du PtoP sur la filière du CD fait l’objet de controverses. Entre le déclin relatif au mode de consommation de la musique sur CD et l’effet substitutif du téléchargement gratuit, différentes hypothèses sont avancées. Des études d’origine américaine ont tenté d’approcher cet effet.5
Contrairement à toutes les idées reçues, rumeurs ou mauvaises informations
qui circulent sur les forums du Net, eMule est bel et bien légal :
eMule est un outil pour transférer des fichiers – comme le FTP/HTTP – il est donc légal. Cependant, comme tout outil, cela ne signifie pas que tous les usages possibles sont légaux.8
C'est une petite nuance que les utilisateurs, internautes ou autres citoyens ne comprennent pas toujours (si déjà, ils font la démarche de savoir ce qu'il en est de la légalité) et qui remplit les forums de la toile de cette même question récurrente : Illégal ou légal ?9 Cela porte préjudice à la communauté P2P entière qui, ducoup, passe pour un refuge de pirates qui n'ont que faire des droits d'auteurs. Même si ce n'est pas entièrement faux – il ne faut pas se voiler la face – il existe effectivement des solutions légales de téléchargement gratuites qui sont prometteuses ; c'est ce que nous allons voir dans la sous partie suivante.
L'alternative Jamendo : Ouvrez grand vos oreilles
Après le paiement à l'acte (modèle iTunes) ou l'arrivée des forfaits (Napster ou plus récemment MusicMe) c'est l'arrivée de Jamendo, en 2005, bientôt suivi d'un concurrentSpiralFrog, (.) dont l'ouverture est prévue dans les prochaines semaines.10 Jamendo est précurseur en matière de musique gratuite légale en-ligne : ce site, financé par la publicité, propose le téléchargement de chansons d'artistes peu connus, via le réseau P2P d'eMule. Au moment de télécharger, une icône nous incite à faire un don pour assurer la rémunération des auteurs – qui sont par ailleurs protégés par la licence Creative Commons11. On peut donc écouter la musique sur son propre PC sans pour autant culpabiliser d'avoir piraté un artiste. Le concept de Jamendo est tout à fait nouveau, cependant, l'idée correspond tout à fait au credo d'un Internet "tout gratuit" qui date de la création de la technologie d'Arpanet (au début des années 1990).

La question des fakes et de la pornographie

    définition de "fake"
  • fichier leurre qui porte un nom trompeur et qui ne contient pas ce qu'il est censé contenir.
  • (en français) signifie "faux".
Au même titre que le "vol des fichiers", le fake est un fléau sur
le réseau eMule qui touche tous les utilisateurs.
    Les fakes peuvent avoir plusieurs buts :
  • empêcher le téléchargement de fichiers piratés.
  • imposer le téléchargement d'un contenu non sollicité par l'utilisateur.
Les majors de l'industrie du disque utilisent parfois cette technique de corruption dans l'optique de mettre des bâtons dans les roues du téléchargement illégal à outrance (cas nº1), mais ce n'est pas le nombre de faux le plus significatif. L'exemple le plus connu est un fake diffusé à l'initiative de Madonna :

Les réseaux de partage de fichiers ont été innondés de fausses pistes sans musique, où l'on entend Madonna dire : "What the f*** do you think you are doing?"12
Le deuxième cas est le plus fréquemment rencontré, sous une forme "douce" et une forme "forte". La forme "douce" correspond à l'action de petits groupes qui souhaitent faire passer une information spécifique : par exemple, des documents sur le 11-Septembre que l'utilisateur va télécharger sous le nom de Munich en croyant pouvoir regarder un bon film de Spielberg. C'est une pratique assez rare. La pratique la plus choquante, en rapport direct avec la question de l'éthique, concerne la pornographie. Il ne s'agit pas de la pornographie qui se réclame ouvertement pornographique, mais de vidéos partagées sous un faux nom et qui sont en réalités des films pornographiques, parfois payants !
Il n'existe aujourd'hui toujours pas de solution radicalement efficace, bien qu'eMule propose un systéme de commentaire (comme sur un blog) qui permet aux utilisateurs de notifier la présence de fakes parmi la masse de fichiers disponibles sur le réseau.13

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