jeudi 6 décembre 2007

Université Paul Valéry : Un mois de mouvement contre la LRU

Il y a un mois, le lundi 12 novembre, a été voté le blocage de l'université Paul Valéry (UPV) lors d'une assemblée générale (AG) étudiante. Depuis cette date, entre fermeture administrative, blocage et re-blocage, les étudiants n'ont pu assister à aucun ou alors à très peu de cours. L'organisation des cours et l'organisation du mouvement contre la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) à Montpellier III : entre cafouillages et passivité.



La genèse du mouvement

Tout a donc commencé ce fameux lundi 12 novembre. Une AG étudiante était organisée sur le temps de midi, qui dura plus de 5 heures. A 17 heures, un groupe d'étudiants faisait sortir, mégaphone en main, les autres étudiants de leurs salles de cours. En l'espace de quelques heures, tous les accès aux bâtiments du campus de Montpellier III étaient littéralement barricadés par des chaises et des tables.
    On peut considérer que le mouvement de protestation souffre de lacunes dans son organisation propre :
  • Dès les premiers jours, on a vu apparaître très vite des graffitis d'inspiration anarchiste et d'extrême gauche sur certains bâtiments et dans l'amphi principal de l'UPV, mettant en avant des problèmatiques dont le mouvement contre la LRU n'est pas porteur.
  • Les AG étudiantes, se voulant démocratiques et organisées, se perdent dans des débats peu productifs sur le fonctionnement interne de l'AG (on peut se demander quel est l'intérêt de faire voter un amendement sur une AG non fumeur alors que les espaces publiques le sont déjà).
  • D'autres revendications, très éloignées des revendication initiales (tels que la demande d'arrêt des poursuites pénales et administratives des "militants", apporter un soutien aux personnes dans les banlieues, faire une journée de mobilisation-solidarité avec les sans-papiers, etc.), ont été adoptées par les étudiants, éparpillant l'objectif principal du mouvement : l'abrogation de la LRU.
  • L'amphi A, celui où se passe toutes les AG, est techniquement de taille insuffisante pour accueillir tous les étudiants, pour ou contre le blocage, qui veulent participer aux débats et aux votes.
  • Certains étudiants ont émis des doutes quant à l'exactitude du comptage des votes, allant jusqu'à dire que celui-ci est truqué.

Cours, pas cours ?

Un autre problème, dans l'organisation de ce mouvement, se situe du côté de la présidence de Paul Valéry. L'université de lettre dispose d'un moyen de communication par voie électronique, très efficace, touchant en théorie tous les étudiants et personnels. A neuf reprises, l'équipe de direction a décidé d'informer toute la communauté universitaire par communiqué. Cependant, il fallut attendre quatre jours sans aucune information avant de recevoir un communiqué officiel qui, de plus, ne statue pas sur la situation de blocage mais, au contraire, annonce de manière très succincte la fermeture administrative de l'UPV, pour une durée indéterminée.

En parallèle, les étudiants apprenaient par des voies officieuses que Jean-Marie Miossec, le président de Montpellier III, prit une semaine de vacances en Tunisie lors de ces perturbations, ce qui ne témoigne pas d'une grande implication personnelle dans la résolution des porblèmes endurés par la communauté universitaire.

Mais ce qui est le plus équivoque pour les étudiants et les enseignants réside dans une information officielle contradictoire. Le mercredi 28 novembre et le mardi 4 décembre, un communiqué annonçait que "tous les étudiants doivent reprendre le chemin des salles de cours" le lendemain. A deux reprises, un éventuel retour à la normal fût un échec : les salles de cours étaient inaccessibles, fermées à clef ou tenues par des piquets de grève. Dans le premier cas, l'équipe de direction demanda même aux étudiants de se munir "de leur carte d'étudiant et de leur carte d'identité" mais cette mesure a été très vite abandonnée, face à la venue des caméras de France 3 et de 7L TV sur le campus.

On peut comprendre l'agacement des étudiants qui doivent venir fréquemment sur place, à l'université, dans l'attente éventuelle de la reprise des cours et découvrant soit une fac fermée administrativement, soit une fac bloquée par un petit groupe de personnes.

Jusqu'à quand cela va durer ?

Après une période de fermeture de trois semaines, Paul Valéry est de nouveau ouverta mais de nouveau bloquée par les piquets de grève des étudiants. Il persiste très peu de débats de fond sur la loi d'autonomie des universités (sur le rapport Hetzel, par exemple, qui a été la source de la loi) et les examens prévus avant Noël pour le premier semestre sont annulés. De plus, une décision du conseil d'administration de l'université du 4 décembre met en place un système de rattrapage des cours qui déborde sur le second semestre et déplace tout le calendrier 2008 de trois semaines. Cela signifie de grosses galères pour les étudiants qui avaient prévus stages, voyages à l'étranger ou bien pour les étudiants étrangers bénéficiant du programme Erasmus.

En ce qui concerne la suspension du blocage, celui-ci a été revoté après les départs successifs de groupes d'étudiants mécontents, lors de la longue AG de ce matin (qui dura plus de 7 heures). Pour ceux qui veulent reprendre les cours, il est préférable de tabler sur une mort "naturelle" du mouvement.

4 commentaires:

  1. article très bien écrit...et très réaliste! j'ai assisté à l'ag de ce matin, devrais-je dire de la journée; c'est dépitant et écoeurant! aucun respect pour ceux qui parlent du moins pour les ""anti-bloqueurs"">>"ferme ta gueule, il est pourri ton argument" c'est sûr qu'avec ce genre de discours on ne peut pas aller bien loin! la manière dont les voix sont comptées est aussi très...suspecte! au final 859 voix pour la poursuite du mvt et 821 contre.enfin....726 oui oui, les résultats ont été effacés au tableau et rectifiés. peut etre ça faisait mieux 859 contre 726...enfin,je n'épiloguerai pas plus sur le sujet...
    c vraiment triste d'entendre des "libertés de grèves,égalité etc." à tout bout de champs dans ces AG et au final il est où le droit du travail pour les autres?? où?? y'a le droit de grève et le droit au travail! ne pas accepter d'être une minorité est qd même assez abérant; ils s'arrangent toujours pour bidouiller quoique ce soit...
    bref je commence à en avoir marre...

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  2. Je suis d'accord avec vous, ceux qui sont contre le bloquage (mais pas obligatoirement pour la loi!!) en ont marre de ne pas se faire attendre, et aussi de passer pour des cons qui, parce qu'ils ne sont pas du même avis qu'une minorité de bloqueurs sont soit disant des "moutons"!!! Y en a assez!
    Alors je passe un message à tous ceux qui sont contre la blocage:
    IL FAUT VENIR A LA FAC LE LUNDI 10 DECEMBRE ET RETOURNER EN COURS !!! Faites passer le message SVP, ce n'est qu'en agissant tous ensemble que nous pourrons retrouver nos enseignements, n'oublions pas que nous sommes plus nombreux qu'eux et que nous avons le DROIT de nous opposer à ceux qui nous empêchent d'aller en cours.
    Merci et j'espère à lundi...

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  3. Je suis allée ce matin à la fac en espérant vivement avoir cours et tous les bâtiments étaient bloqués avec des tables, des chaises et de gros antivols.Il semblerait que les bloqueurs aient agi dès l'ouverutre de la fac. A l'entrée de la fac, des anti-bloquage font voter une pétition pour un vote à bulletin secret. J'ai remarqué que beaucoup d'étudiants étaient restés chez eux ce matin. Il faut absolument que les anti-bloqueurs se fassent entendre et qu'on puisse sauver notre année.

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  4. Vision très réaliste des choses, partagées par tant de monde, mais pourtant rien ne change.

    Il serait surtout temps que les meneurs de tels mouvements osent imaginer d'autres moyens de mobilisation et d'action qui cessent de faire payer systématiquement la note aux étudiants, un publique pourtant déjà très fragile.

    Pour continuer la réflexion, je te renvois vers ce blog, qui cherche à développer le même genre d'idée que toi, mais peut être de manière plus poussée:

    http://AGetudiante.hautetfort.com/

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